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Evocation

SOMBRE NOVEMBRE 23 November 2016

-          Ce matin je fais Necker – Ambassade du Cameroun

-          Moi je fais Institut Montsouris et grande distance…

-          Tu vas au Mans ?

-          On a de bons clients… C’est toujours le même travail mais c’est le cercueil qui change.

-          Ca fait partie de la vie, c’est pas une promenade mais bon…

-          Pour le charme, moi je vous recommande Bagneux, Père Lachaise, Montparnasse et Montmartre…

-          Vous, vous nous parlez… d’habitude on s’écarte quand on nous voit…

-          Dans la voiture les gens racontent, ils ont besoin de se confier…

-          Tout le monde a une histoire…

8h00 au café-comptoir, rue Emile Zola à Paris… juste à côté des bureaux de PFG… Leurs voitures sont polishées, leurs hommes sont polissés… Alors on veut bien être un jour accompagné par eux…

Accompagnés à la dernière demeure… après tout, on retrouve la typologie de la vie vivante. Il y a ceux qui ont le lopin de terre, la tombe familiale, avec l’aménagement en souplex, et ceux qui se casent dans le petit collectif, fleurs au balcon, cajolerie naïve des vivants, substitution au câlin…

A Yaroslav, en 1980, les familles entassées dans les cages à poules, qui s’autodétruisaient aussi vite qu’elles s’étaient construites, prenaient un bol d’air, air de famille, le dimanche en pique-niquant direct sur le petit carré clos de grilles, plantant table et chaises sur le ventre des ancêtres…

Ultime orgueil ou peur d’enfant face au vide de l’oubli, on prépare sa sépulture, on fait part de ses dernières volontés, on cherche la place près de sa mère, de son enfant, de son amour… pour le grand jour où l’on est plus que dépouilles en terre d’êtres devenus concepts…

Mort sacrificielle qui assure l’éternité parmi les vivants comme celle de Jeanne d’Arc ?

Mort de vieil âge comme l’arrière-grand-père Jules qui vous a toujours fait peur et que l’on trouve soudain rassurant du haut de ses trois ans parce qu’on peut cueillir les fleurs de ses couronnes…

Mort à résurrection sombre comme celle de la peinture d’un Bernard Buffet ?

Ce qu’il y a de terrible dans la mort c’est qu’elle transforme la vie en destin, écrivait Malraux…

 

-MH-

Crédits photos -MH- / THM