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L'invité du 13

ALBERT KAHN & L'ENGAWA 13 June 2022

Ouvert depuis le mois d’Avril 2022 après une longue période de travaux, les quatres hectares restructurés du Musée Jardin Albert Kahn nous invitent à redécouvrir ce site merveilleux situé à Boulogne Billancourt.

Ce chantier de rénovation a fait l’objet d’une labellisation HQE (limitation de l’impact environnemental). Il inclut la construction d’un nouveau bâtiment de 2300 m² qui devient le point d’entrée de l’espace dédié aux expositions et ouvre un nouveau parcours de présentation des archives et collections du musée.

De nouveaux services s’ajoutent comme le centre de documentation, l’espace découverte pour les familles, une librairie-boutique et un restaurant - salon de thé.

Il met en valeur la restauration du patrimoine bâti préexistant (7 bâtiments patrimoniaux existants et l’ancienne galerie d’exposition), dans le respect du lieu et de son histoire.

Le nouveau bâtiment dessiné par l’architecte Kengo Kuma s’inspire de la relation particulière d’Albert Kahn avec le Japon : le projet architectural met en scène le rapport du dehors et du dedans, de la ville, du musée et du jardin.

Ce lien entre culture et nature apprivoisée, Kengo Kuma en fait le cœur de son projet d’extension du musée et de la recomposition des quatre bâtiments patrimoniaux qui ponctuent le parcours de la visite.

De l’extérieur, la façade sur rue est une enceinte qui protège et révèle à la fois le nouveau musée. Le jour l’enveloppe de pliures métalliques tel un origami dissimule l’écrin végétal intérieur,

La nuit, elle laisse apparaître entre les lames laquées les lumières du musée pour devenir une lanterne pour la ville.

La façade sur la rue protège le site comme une muraille qui protège de la ville pour permettre au visiteur de glisser progressivement dans l’intimité du jardin.

Le projet instaure un dialogue entre bâtiment et jardin au travers d’un élément emprunté à l’architecture traditionnelle japonaise : l’engawa,

espace limitrophe entre intérieur et extérieur, espace de liaison entre le dedans et le dehors, espace couvert entre le privé et le public…

La réinterprétation par l’architecte de cet élément se développe sur l’ensemble des bâtiments rénovés et tisse un lien entre les différents éléments du site pour inculquer une vraie identité et une cohérence globale aux différents lieux.

L’entrée renvoie à une forme d’humilité, sobre et sombre, comme un tunnel à pans inclinés qui invite le visiteur vers la lumière.

Puis se découvre un nouveau vocabulaire architectural, dans ce nouveau musée :

Chaque ouverture est un cadrage vers le jardin…

La dynamique s’effectue par des lignent horizontales qui se répondent, des lattes du plancher de chêne, des gradins jusqu’ aux planches de bois clair qui allongent l’espace au plafond et orientent le parcours.

La sobriété des matériaux employés, bois clair, bambou, miroirs, métal.

La lumière enveloppe doucement l’espace, invite au repos dans le salon des familles du premier étage. Le regard traverse les hautes parois vitrées et se plonge dans la prairie douce du jardin anglais.

Déambulant dans l’exposition permanente, on se retrouve dans un parcours très bien orchestré, ludique, avec des éléments captivants comme ce mur de photos qui vous accueille et vous fait voyager dans le temps à travers le monde.

La Découverte ou redécouverte des « Archives de la planète » propose un regard historique sur le monde à travers 72 000 photographies sur plaques autochrome, une centaine d’heures de films noir et blanc et couleurs ainsi que 4 000 plaques stéréoscopiques noir et blanc que le banquier et philanthrope Albert Khan a réuni par convictions de paix universelle.

Cette conviction se retrouve dans le jardin à scènes où différents esprits et styles se côtoient.

Le village japonais avec ses maisons et portes, le jardin japonais contemporain, le jardin à la française, le jardin anglais, la forêt vosgienne, la foret bleue et le marais, et la foret dorée avec sa prairie.

Les réhabilitations des différents pavillons du jardin ont été harmonieusement revues par l’architecte japonais Kengo Kuma, la magistrale verrière a trouvé un nouvel appui et propose par un escalier arrière l’accès à une terrasse qui domine le jardin à la française pour offrir une vue spectaculaire sur le lieu.

Le plafond du pavillon « La fabrique des images s’est paré de bambous et donne à l’espace un caractère à la fois contemporain et traditionnel.

Le travail de parement et de calepinage des briques blanches du pavillon « La salle aux plaques » est mis en valeurs avec les jeux de lumière des arbres avoisinants 

Le bâti est intégré à son environnement pour assurer pleinement le concept de musée-jardin.

Au fil de la promenade, on remarque que L’Engawa le fil rouge du lieu se fond à la nature, filtre les vues, confère des zones d’ombre qui participent au confort thermique des bâtiments.

Intégré au jardin, le nouveau projet puise son énergie en utilisant la géothermie sur nappe qui fournit la quasi-totalité des besoins en énergie du nouveau musée et de la galerie.

L’œuvre de Kengo Kuma se définit comme une synthèse entre Orient et Occident en réactualisant sans passéisme de nombreuses techniques traditionnelles japonaises, en accord avec l’environnement.

THM

Crédits photos : THM

Le musée en quelques chiffres:

  • 4.600 m2 de surface totale du musée
  • 2.300 m2 de surface du nouveau bâtiment de Kengo Kuma
  • 8 bâtiments rénovés (7 bâtiments patrimoniaux du site et l’ancienne galerie)
  • 3 maisons japonaises traditionnelles restaurées
  • 1000 m2 consacrés au parcours permanent sur l’ensemble du site
  • 600 m2 dédiés aux expositions temporaires
  • 100 m2 destinés au Salon des familles
  • 1 nouvel auditorium de 100 places
  • Budget 60 millions dont 1,5 de scénographie

 

Kengo Kuma

kengo kuma Né en 1954 à Yokohama, Kengo Kuma suit des études d’architecte et d’ingénieur à l’université de Tokyo, où il obtient son diplôme en 1979 et enseigne encore aujourd’hui. En 1990, il fonde son cabinet d’architecture, Kengo Kuma & Associates. En 1997, il gagne le prestigieux prix de l’Institut architectural du Japon. Son œuvre se présente avant tout comme une critique des académismes, des formalismes et de toute complaisance au style et à la mode.

Kengo Kuma a notamment dessiné le stade olympique de Tokyo 2020 et le Victoria & Albert Museum de Dundee (Écosse). En France, il a signé le Frac de Marseille, le Conservatoire de musique et de danse d’Aix-en-Provence, et la future station de métro Saint-Denis-Pleyel.