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Et ailleurs

PATRIMOINE RESSUSCITE : TANGER un jardin dans la ville 12 January 2014

         Un ouvrage Un Jardin sur le détroit par lequel Louis Lazaroo et Eugénie Denarnaud, deux jeunes paysagistes présentent leur action sur un site à sauvegarder, visité épisodiquement depuis de nombreuses années, par des associations d’amateurs de botanique pour le caractère exceptionnel de la biodiversité qu’il contient.

Deux hectares et demi de terrasses anciennement horticoles et vivrières, aujourd’hui transformées en un jardin mêlant des biotopes des quatre coins du monde, irrigué par de nombreuses résurgences et sources.

Louis Lazaroo a illustré l’ouvrage par un méticuleux travail de dessin. Les planches à la mine de plomb représentent les environs de la ville de Tanger, et leur diversité et foisonnement d’architectures végétales. Ces croquis  permettent ainsi d’inscrire le jardin dans le grand paysage qui l’environne, ce qui est le propos de leur projet, encore en cours.

Eugénie Denarnaud en illustre la végétation luxuriante déjà en place par un minutieux travail de collecte de végétaux, façonnée en herbier dont les planches rythment l’ouvrage.

                        Dessin 2                     

Eugénie nous parle de Bab Essalam :

« Dans cette ville en pleine croissance, Bab Essalam fait partie des  endroits rares et précieux. Nous souhaitons que ce jardin de deux hectares et demie soit conservé dans son intégrité foncière afin qu’il reste des espaces de « nature préservée » dans cette partie de Tanger.

Les quartiers de Qaria, de Dradeb, de Bremel, de l’Oued El Yihoud, de Boubana, de la Vieille Montagne, auparavant loin du centre, sont aujourd’hui gagnés par une forte pression urbaine. La proximité de la plage de Merkala les rend attractifs pour y construire des logements, des hôtels, des restaurants. Tandis que le bois d’eucalyptus du Souk de Dradeb se réduit comme peau de chagrin, les quartiers Ouest grignotent les anciennes prairies, jour après jour.

Il faut savoir garder quelques îlots de nature dans l’espace public et privé des quartiers historiques comme le Marshan et la Vieille Montagne. Le cimetière de Quaria et ses ruelles étroites font partie de l’identité même de Tanger et méritent d’être précieusement conservés. Ce versant du Marshan doit être un lieu de respiration au coeur de la ville, une transition entre la Vieille Montagne et la ville. Il évoque, par ses jardins les quartiers de Bremel, Jema el Mokhra, Jbel Kbir.

De taille modeste, Bab essalam n’en est pas moins un écrin de biodiversité à préserver dans un contexte d’urbanisation massive. Ces éléments plus intimistes appartiennent au patrimoine commun de la ville au même titre que de très grands espaces de nature sauvage comme le parc Perdicaris, le Cap Spartel et la route portugaise ou encore des lieux emblématiques comme la réserve naturelle de Djebel Musa. Petits ou grands, privés ou publics, les sites de biodiversité, les chemins publics, les sentiers de bêtes sont constitutifs du paysage tangérois.

Notre souhait, par cette démarche de classement, est de mettre en valeur la richesse de ce paysage. Le jardin, même s’il est un espace clos, n’en demeure pas moins ouvert sur le paysage. Il en est un fragment qui raconte près d’un siècle de rapports entre l’homme et la nature.

Il a aussi une grande valeur pédagogique et joue un rôle important dans la connaissance du vivant et des plantes qui font partie du quotidien des Tangérois. Il pourra, à terme, être ouvert sur demande afin d’accueillir un public curieux de découvrir les plantes aperçues à l’état sauvage sur le littoral du détroit, dans les terrains vagues de Tanger ou dans les plaines agricoles des oueds. »

Nous tenons aux dessins car ils parlent de l'inversion du regard dans le projet de jardin. Ils relatent le grand paysage qui s'incarne dans un lieu plus confidentiel, qui en devient le condensé.

     EUGÉNIE DENARNAUD un hiver à Tanger

Une formation de cinéaste à Paris III, puis l’Ecole du Paysage de Versailles, artiste et Paysagiste Dplg à Paris, Eugénie est depuis son enfance une Tangéroise de cœur, attachée à la ville, sa culture et ses paysages. Elle y apprend l’arabe qu’elle perfectionne à national des langues et civilisations orientales à Paris.

Outre ses créations vidéos et photographiques elle est passionnée par le vivant et la botanique et se penche sur la notion de grand paysage à travers les définitions géographiques notamment à travers des œuvres réalisées à Tanger dans le grand paysage du détroit de Gibraltar.

La recherche sur le phénomène de transformation dans la nature, la résilience des espaces et la dynamique de transformation du vivant est au cœur de sa réflexion et de son action artistique.

La mutation de la ville entre 2000 et aujourd’hui lui a inspiré de nombreux projets artistiques in-situ à découvrir sur son blog champs libres  http://champslibres.tumblr.com.

 

LOUIS LAZAROO

D’abord designer, il passe de l’objet à l’espace public en intégrant l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles. Depuis, il travaille à travers différents médiums sur les espaces urbains en attentes, en tant que Paysagiste DPLG. Il se concentre sur la redéfinition de la notion de jardin au XXIème siècle et sur le déplacement et le mouvement des plantes.

A travers ses dessins, il mémorise et intériorise un paysage pour mieux en partager la substance.

Eugénie DENARNAUD / Louis LAZAROO /  Paysagistes Dplg /106 rue de Turenne / 75003 Paris/